Nous, personnalités de la société civile et élus, lançons un appel à la paix.

Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie est meurtrie au plus profond d’elle-même. Nouméa, la capitale, Dumbéa, Païta, le Mont-Dore et d’autres communes, subissent des dégâts d’une ampleur sans précédent. Le processus engagé depuis 30 ans, visant à préserver la paix et à valoriser le vivre-ensemble entre toutes les communautés,est parti en fumée,laissant derrière lui un amas de cendres sur un lit de haine.

Manque de clairvoyance, de courage ou simple déni de la réalité… Quelles qu’en soient les raisons, le résultat est là et le constat amer : des morts, une île fracturée, plusieurs milliers de personnes, salariés, particuliers, chefs d’entreprises, ont tout perdu, leur emploi, leur société, et leur confiance en l’avenir. Aujourd’hui, les Calédoniens de toutes origines sont en grande difficulté : pour s’alimenter, pour accéder aux soins, à l’éducation et aux services. Aucune idéologie, aucune doctrine, quelle qu’elle soit, ne peut justifier de tels actes.

Des initiatives ont été prises visant à favoriser les conditions d’une reprise des discussions, avec notamment, la mise en place d’une mission dédiée, d’une pause « législative » concernant le congrès à Versailles, et d’un nouveau calendrier pour retrouver les voies du dialogue.

Nous devons saisir cette opportunité.

La simple condamnation des exactions commises ne suffit plus. Emprunter le sentier de la guerre permet de pousser un cri, mais la seule voie digne et réfléchie est celle du chemin de la paix. Les positions extrêmes, rétrogrades, irresponsables, ne sont pas acceptables.
Albert Camus, Combat, 8 août 1945.

Si les plaies restent ouvertes, le temps qui est devant nous doit être consacré à écrire une nouvelle page de notre histoire commune. Soyons capables de conjuguer mémoire du passé et réponse aux défis du présent. Quelles que soient nos convictions, et sans les renier, la poignée de mains de Jacques Lafleur et de Jean-Marie Tjibaou nous oblige.

Retrouvons-nous, parlons-nous, avec l’espoir et la volonté de réussir. L’accord global pour mettre à nouveau la Nouvelle-Calédonie sur le chemin de la paix nécessite que les bonnes volontés du monde politique, de la société civile, les maires, les coutumiers, toutes celles et ceux de toutes tendances et convictions, se rassemblent.

Engageons des discussions et fondons un nouveau contrat, sociétal, social et économique, celui d’une société calédonienne plus juste, plus inclusive, respectueuse de l’identité de chacune et chacun d’entre nous, à la hauteur des défis que nous devons relever.

Le futur projet doit reposer sur un socle nouveau qui associe l’ensemble de ceux qui contribuent à bâtir la Nouvelle-Calédonie, afin de ne pas répéter les erreurs du passé.

Nous continuons de croire que cette terre d’origine, cette terre aussi d’accueil, possède en son sein une place pour tous. Notre culture est diverse mais partagée, nos sensibilités s’enrichissent de nos différences, nos communautés ont à s’enorgueillir autant de leurs traditions que de leurs métissages.

Le chemin du possible est là, devant nous. Voilà pour- quoi nous, personnalités de la société civile et élus de toutes convictions, lançons cet appel au courage de ceux qui veulent construire un avenir de paix et de concorde.

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