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Nouméa, le 8 juin 2024

Bonjour et merci de votre présence,

J’adresse, tout d’abord, nos pensées les plus attristées et nos condoléances au nom du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie aux huit familles qui sont en deuil : six familles calédoniennes – cinq familles kanak (deux originaires de Canala, une de Maré, une de Poindimié, une de Païta) et une famille calédonienne d’origine européenne, originaire de Kaala-Gomen –, ainsi que la famille des deux gendarmes décédés dans notre pays.

J’ai une pensée particulière pour ce jeune de Païta qui vient de nous quitter et dont je connais les parents, qui sont issus de la grande chefferie de Païta.

Je n’oublie pas les nombreux décès survenus durant cette crise faute d’avoir pu accéder aux soins vitaux. Par ailleurs, les affrontements ont occasionné de nombreux blessés civils et militaires. Et j’ai également une pensée pour les familles dont les maisons et les biens ont été incendiés et saccagés. J’adresse également la solidarité et le soutien du gouvernement aux 600 entreprises et 7000 salariés qui ont perdu leur emploi ou qui risquent de le perdre indirectement. Je leur assure de la mobilisation et de la volonté du gouvernement d’agir pour les aider.

J’adresse nos remerciements, notre reconnaissance et notre soutien à toutes celles et ceux qui, jour et nuit, depuis le 13 mai, se dévouent et se démènent pour protéger leur lieu de vie et leurs biens ; à celles et ceux de l’administration de la Nouvelle-Calédonie, des provinces, des communes et de l’Etat qui sont mobilisés pour porter secours, approvisionner, protéger et apporter de l’aide précieuse aux plus isolés, aux plus démunis, aux personnes âgées, aux malades et à tous ceux que la vie n’a pas épargné. Je voudrais exprimer notre gratitude aux personnels de santé qui travaillent dans des conditions très difficiles et anormales pour aider et soigner notre population.

Je n’oublie pas non plus les Calédoniens bloqués à l’extérieur du pays et qui vivent difficilement cette situation ni les ressortissants étrangers qui sont en attente de rapatriement depuis la Nouvelle- Calédonie, sans oublier nos compatriotes de Wallis-et-Futuna et de Polynésie française qui n’ont pu encore rejoindre leur pays. Je leur assure de la mobilisation du gouvernement pour apporter les solutions ainsi qu’aux Métropolitains qui doivent rentrer.

Dès le début des événements du 13 mai, le gouvernement a réagi pour dénoncer les actes commis et dire que l’on ne saurait cautionner ni la violence ni la destruction des biens et des services tant des personnes, des familles que des entreprises et des infrastructures publiques.
Nous avons réitéré, avec le président du Sénat coutumier, notre appel à l’apaisement et au calme et à la levée des barrages pour faciliter l’approvisionnement et l’accès aux services élémentaires, notamment en matière de santé, par la population. Les membres du gouvernement en charge des différentes cellules de gestion de crise se sont succédé jusqu’à ces derniers jours pour tenir la population informée des travaux que nous menons avec tous les partenaires publics, économiques et l’Etat pour faire face à la situation.

Je remercie également toutes les bonnes volontés qui se sont exprimées courageusement pour appeler à la raison, à l’apaisement et au calme.

Cela fait vingt-quatre jours que la Nouvelle-Calédonie vit cette crise dont personne n’imaginait l’ampleur, les impacts douloureux et les conséquences considérables qu’elle a sur la vie quotidienne de la population calédonienne. Quinze jours après la visite du président de la République française, le 23 mai dernier, on s’aperçoit que le chemin d’apaisement et de désescalade convenu avec les responsables politiques de notre pays n’a pas encore abouti à un rétablissement de la situation.

Je note d’ailleurs que sur le plan politique, le mouvement indépendantiste, et notamment le FLNKS ou les différents partis, font preuve d’une gestion trop mesurée de ces événements puisque très peu ont pris position. Les Loyalistes et Le Rassemblement, quant à eux, continuent d’exceller dans une surenchère permanente, dans les discours et des actions, qui nourrissent le climat de violence existant.

Dans un tel contexte, les citoyens se sont auto-organisés dangereusement pour se protéger, défendre leurs biens, leurs familles, leurs maisons, leurs entreprise. Dans ce contexte anxiogène, les actions de solidarité ont émergé pour faire face aux problèmes d’approvisionnement qui ont atteint un niveau de gravité inédit.

Cette situation n’est plus tenable car la population en est la principale victime surtout celle qui habite dans l’intérieur, dans les tribus, dans les quartiers les plus difficiles de l’agglomération. Cela fait un mois qu’une grande majorité des travailleurs n’ont plus accédé à leur lieu de travail et plus de 7000 salariés n’ont plus d’emploi suite à l’incendie de leur outil de travail. La situation s’est tendue à un point tel que les liens construits au sein de la population qui vit dans l’agglomération depuis les années 1980 se sont distendus et les vieux démons du racisme sont réapparus.
Il faut en sortir au plus vite pour ne pas verser dans un processus inéluctable vers des affrontements
au sein de notre population.

J’appelle à la raison et à la responsabilité de chacun, des groupes, des partis politiques, de toutes les forces (religieuses, coutumières…) qui peuvent jouer un rôle pour appeler au calme et à l’apaisement. Je veux leur dire que notre pays paye aujourd’hui un lourd tribut dont l’impact humain, psychologique, familial, coutumier, économique et social est d’une nature et d’une ampleur sans aucune mesure avec ceux que notre pays a connu.


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