11 décembre 2021
Nous écrivions il y a peu « Existe-t-il une démocratie en contexte colonial ? ». Il n’en est rien. L’État colonial français souhaite garder ses dernières colonies et n’ira pas au bout d’une décolonisation négociée mise en avant par l’accord de Nouméa.
Il est 2h15 et les bureaux de vote en Nouvelle-Calédonie ont ouvert dans un contexte de déni de démocratie.
Le résultat en est connu puisque les indépendantistes ont appelé à ne pas y participer en raison de la pandémie qui a empêché toute campagne électorale et pour respecter le temps du deuil, un an de deuil kanak décrété par le sénat coutumier.
Le 13 décembre, l’entêtement du gouvernement français qui, une fois de plus, n’a pas respecté sa parole (voir la déclaration du Premier ministre en 2019), trente ans de construction dans la paix de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie sont réduits à néant (voir un précédent billet).
Le conseil d’État a rejeté mardi 7 décembre la demande d’un collectif de citoyens, constitué de 146 électeurs et de trois associations, de report de ce scrutin en s’appuyant sur le contexte sanitaire contraire à l’exercice d’une saine démocratie par une requête en référé-liberté. Ils arguent aussi du fait que « jusqu’à 2 000 électeurs » des communes de Bélep, de l’île des Pins et des îles Loyauté n’ont pas pu s’inscrire dans les bureaux de vote décentralisés à Nouméa.
Selon conseil d’État, « Les mesures de protection sanitaire encore maintenues ne font pas obstacle au déroulement de la campagne référendaire » (ordonnance la juridiction).
L’argument du respect du deuil kanak et « des pratiques coutumières » n’a pas plus retenu l’attention du conseil d’État qui juge que « cette circonstance ne saurait caractériser, par elle-même, une atteinte à une liberté fondamentale de nature à justifier » le report du référendum du 12 décembre.
Les prises de position des personnalités et anticolonialistes de tout bord n’a pas eu plus de succès (voir le meeting organisé le 9 décembre à Paris)
Alors, demain, que regardera-t-on ? Le taux de participation ou plutôt le taux d’abstention et la localisation des abstentions.
L’histoire se répète malheureusement dans ce pays, entre promesse non tenue des gouvernements français et les scrutins sans tenir compte des indépendantistes.
Quelle pourra être la valeur d’une telle consultation ? Comment les instances internationales vont-elles appréhender les résultats de ce référendum sans la participation du peuple colonisé et de tous ses alliés souhaitant eux aussi l’indépendance du pays ? Voir l’analyse faite par Raph Mapou, docteur en droit.
Trois représentants du FLNKS – le président du congrès, Roch Wamytan, un membre du gouvernement collégial, Mickaël Forrest, et un collaborateur, Charles Wea – sont partis à l’assemblée générale de l’ONU qui se tient le 9 décembre à New York. Leur but, défendre le point de vue indépendantiste sur la tenue coûte que coûte de ce référendum. La France, dit-on, met une pression sans précédant depuis une dizaine d’année pour contrecarrer la mission indépendantiste. Et l’on sait d’expérience qu’elle a des moyens de pression auprès de nombre d’États. Espérons que cette instance qui a inscrit la Nouvelle-Calédonie sur la liste des territoires à décoloniser condamnera l’État français de tenir la dernière consultation prévue par l’accord de Nouméa au mépris de toute démocratie et sans le peuple premier.
Merci de nous avoir lu
à suivre
Isabelle Leblic